Bonjour à toutes et à tous.
Presque deux ans de fonctionnement de Pole emploi et nous constatons que les conditions de travail se dégradent.
Beaucoup octroient à la crise économique la responsabilité de l’augmentation des demandeurs d’emploi en France.
C’est vrai, mais nous avons déjà connu, pour les plus anciens, une telle explosion du chômage. Des périodes ont été difficiles voire tendues, mais sans que cela porte atteinte à l’intégrité physique et morale du personnel.
Nous n’avons jamais vécu la situation que nous connaissons tous aujourd’hui. Nous insistons sur le NOUS, car tout le personnel est concerné y compris les directeurs régionaux. Le dernier « suicidé » connu (bien entendu la DG ne communique rien sur ces faits) est l’ancien directeur ex-ANPE de PACA.
Pendant la première année de Pole emploi, le DG, qui avait certainement étudié la problématique et envisagé tous les travers possibles à lui tout seul, a pensé (comme si ces gens pensaient J. BREL) que l’indemnisation, c’était uniquement appuyer sur un bouton pour lancer le paiement… en quelques jours le personnel ex Assédic serait formé au métier de conseiller personnel et vice-versa.
Quel plan simpliste ! Pourtant élaboré par une tête bien pensante issue de l’ENA (il ne faut pas l’oublier) pour répondre aux discours des « politiques » et réduire les volumes des portefeuilles.

Sauve qui peut ! Ou sauvons ce que l’on peut !
L’indemnisation est un peu plus compliquée que prévu et c’est peu dire.
Deuxième point du constat de la réalité actuelle, qui a également sauté aux yeux du DG, 80 % des visites sont liées à l’indemnisation (mais bon sang comment cela ce fait-il, on n’aurait pas tout prévu, on ne m’a pas tout dit ?).
Cette fusion qui devait permettre l’harmonisation et le rapprochement des personnels n’a eu comme résultat que de créer des disparités, des iniquités et des clans – autant pour le personnel que pour les organisations syndicales.
Organisation ? Désorganisation serait plus approprié pour caractériser le contexte actuel.

Retour vers le passé
Nouvelle stratégie novatrice. Nous revenons au système de « guichet unique », connu dès 2005.
La DG a pris conscience que la polyvalence totale était impossible, mais surtout qu’elle était couteuse en temps et en finances, d’où une précipitation « à reculer ».
… Il faut que la mise en place soit rapide donc irréfléchie.
… Et oublions la négociation de la classification puisqu’elle a tout simplement disparu du calendrier social. Laissons les gens dans l’inégalité, la différence, la rivalité. C’est une stratégie.

2011 Année de tous les dangers
En 2011, nous allons tout droit dans le mur.
Restrictions budgétaires instaurées par nos politiques.
Moins 10 % sur le budget de fonctionnement.

Conséquences pour Pole emploi Bourgogne :
CDI en effectif constant (OUF) mais pour 2011 et les CDD : moins 50
% Opérateurs privés de placement : moins 6000 DE qui seront repris dans les portefeuilles.
L’équilibre charges/ressources ne sera plus de l’équilibrisme mais de la haute voltige.
Que deviennent :

  • le service que nous devons apporter aux DE et aux employeurs, non pas seulement pour avoir de bons résultats à afficher, se dire, se répéter que l’on travaille bien, mais simplement pour essayer d’apporter une vrai réponse à nos clients, sincère et efficace, face au chômage.
  • le caractère social que nous avons pour l’économie du pays quand les bases élémentaires de l’aspect social n’existent plus dans l’entreprise.

Nous aurons du mal à avoir une réponse car la psychologie et la sociologie ne sont pas au programme des grandes écoles (sauf la partie qui explique comment se passer de ce qu’on a besoin).

Attention aux pièges à cons
Il va falloir rester très vigilant sur le devenir de notre entreprise.
Deux alertes :

  • Le gouvernement lance une étude sur les effectifs des entreprises en charge de l’emploi en Europe.
    Quid des résultats ? Car on peut obtenir ce que l’on veut en fonction de ce que l’on prend en compte ou non.
  • La DG a lancé en interne une étude sur l’optimisation des fonctions supports.
    L’organisation mise en place pour la fonction Audit interne (5 plateformes multirégionales) ne servirait-elle pas d’expérience pour une généralisation à court ou moyen terme à toutes les fonctions support ?
    Le but initial était bien « d’injecter du personnel dans le réseau » pour réduire la taille des portefeuilles.


Y-a-t-il un pilote dans l'avion ?
Finalement, nous pensons que oui.
Ce qui se passe aujourd’hui à Pole emploi ressemble de très près à ce qui s’est passé à France Télécom depuis ces dix dernières années.
A ce sujet nous vous invitons à lire le livre de Vincent TALAOUIT « ils ont failli me tuer » aux éditions Flammarion.
Son témoignage est édifiant.


Mais que font les syndicats ? Aujourd’hui la fusion au sein des syndicats n’est toujours pas faite. Certains ont tendance à assimiler syndicats (Défense des salariés de l’entreprise) et politique.
Aujourd’hui lors d’une réunion CE la répartition est de 80/20.
80 % sur les œuvres sociales et 20 % sur le fonctionnement de l’entreprise, ce qui nous paraît, CFE/CGC, tout à fait anormal.
Il y a un autre bouleversement dans les relations sociales, qui peut passer inaperçu mais qui est loin d’être anodin. Nous sommes un établissement public et les DR sont plus que sous tutelle de la DG. En exagérant à peine, le DR a autant de pouvoir que mon Labrador et mon Jack Russell.
Faire grève pour demander des embauches à notre DR relève, aujourd’hui, de la démagogie, il n’a aucun pouvoir.

En conclusion, tout a changé.
Nous devons être vigilants et ne pas s’éparpiller sur les détails. Il faut absolument se concentrer sur le personnel. Aujourd’hui, seuls les OS peuvent être un rempart contre cette machine infernale qu’est une administration. Sa logique, dictée par les politiques, est dénuée de tout sens humain et se réfère à des considérations étatiques de qualité et d’objectifs de toute sorte, de règles plus ou moins floues. On soigne surtout l’affichage et peu importe les moyens humains.
Bien sûr, il y a des négociations qui sont organisées comme sur la CCN, l’AOTT, le plan sénior. Ces accords sont plutôt favorables au personnel, plus pour certains que pour d’autres, mais globalement personne n’a rien perdu.
En local, il devient impossible de négocier pour un collectif. Par contre, la défense de cas individuels demeure possible.
Elle a donné au cours de ces derniers mois, des résultats positifs hormis le cas d’une collègue souhaitant un départ négocié. Elle a reçu l’aval de la région, mais celle-ci a obtenu un véto de la DG.
Pour le reste nous sommes à 100 % de réussite sur les dossiers commission 39.
Nous allons continuer l’action, nous avons besoin les uns des autres.
Seule la solidarité peut éviter les risques psycho-sociaux car il ne faut pas se tromper de cible, ce n’est pas un problème managers – managés, c’est le système même de management mis en place par la DG qui est en cause. Car ce système broie l’humain à tous les niveaux.
Vincent TALAOUIT, cadre de France Télécom, a décrit les rouages mis en place par leur DG pour réduire le personnel dans son livre « Ils ont failli me tuer » cité plus haut. Ceux qui liront ce livre (attention cœur sensible s’abstenir) pourront voir l’analogie et les premiers ressentis à Pole emploi.
Adeline et Philippe sont rentrés en contact avec lui, et ils sont invités à participer les 9 et 10 décembre aux Assisses Nationales du Stress et des Mobilités forcées.
La CFE/CGC est sensibilisée sur ces thèmes depuis de nombreuses années, et dans le cadre de France Télécom, elle a, avec SUD, créé un Observatoire du Stress.

La multiplicité des sites est telle que nous ne pouvons pas venir régulièrement échanger avec vous. Pour cette raison, nous créons un blog, pour vous informer, mais surtout pour que vous puissiez vous exprimer et nous alerter !

Puisque nous sommes dans un monde de valeurs la CFE/CGC choisit la Solidarité.
Nous prendrons le temps d’écouter.
Nous prendrons le temps de répondre, même si nous n’avons pas encore la solution.
Nous voulons penser Humain. Il ne faut pas l’oublier.

Prenez soin de vous.

Vous souhaitez commenter cette lettre, rendez-vous sur le billet du 9 novembre 2010